A l'ouest du Bardo, la plaine de la Manouba avec ses terres cultivées et la salubrité de l'air, attirait les souverains et les notables de Tunis désireux d'y installer leurs résidences de printemps.

En outre cet attrait ne pouvait être que renforcé par la présence en ce lieu d'une sainte très vénérée Lalla Manoubiya, illustre disciple de Sidi Bel Hassen.

Sans doute après les sultans hafsides, les beys mouradites déjà installés au Bardo (17ème siècle) ont-ils avancé leurs domaines résidentiels jusqu'à la Manouba. Mais il ne reste aujourd'hui de traces visibles que de constructions édifiées entre le 18ème siècle et le 19ème siècle. A l'exemple du bey Hussein, on sait que ses successeurs apprécièrent le charme de cet endroit en y édifiant palais et résidences printanières et ne manquèrent pas d'y renouveler de fréquents séjours. Ils faisaient partager ceux-ci non seulement à leurs entourages, mais aussi à certains personnages étrangers qu'ils désiraient honorer et recevoir dans un lieu agréable et discret.

Parmi ces édifices, le palais Kobbet Ennhas qui fut construit par Mohamed Errachid Bey vers 1756, les principaux aménagements correspondent au règne de Hamouda Pacha; d'après Ibn Abi Dhiaf dans lt'haf Ahl Azzaman, Mustapha Pacha Bey y avait habité après y avoir porté des modifications et procédé à des ajouts. Dans ce palais, nous retrouvons au fond d'une grande cour d'honneur plantée d'arbres, une large façade avec galerie surhaussée au-dessus des dépendances à laquelle on accède par un large escalier d'honneur, la galerie d'accès donne de plain-pied dans la driba puis bit el driba deux antichambres carrées qui se doublent d'une squifa plus étroite pour desservir pièces voisines et cour intérieure..

Un salon de plan quadrangulaire occupe la partie antérieure du palais, on y a renoncé exeptionnellement à l'emploi des voûtes traditionnelles en adoptant hardiment un nouveau type de plafond de bois peint disposé en parasol et orné de rinceaux italianisants. Ouvrant seulement sur la cour d'entrée, cette salle de réception (bit diwani) et son annexe avaient été aménagées, à cet endroit pour accueillir visiteurs et hôtes de marque.

Le patio (woust eddar) d'aspect simple est dépourvu de péristyle et de bassin. De part et d'autre, deux chambres semblables, couvertes en voûtes d'arêtes et berceau, possèdent un qbou flanqué de deux chambrettes (mqacer) selon la coutume des grandes demeures tunisoises. Air et lumières leurs viennent à la fois du jardin et du patio. Au fond de celui-ci, s'ouvre la grande salle d'apparat surmontée de sa coupole, ses quatre défoncements (qbouwat) en augmentant l'espace intérieur, tandis que s'y ajoutent plusieurs chambres annexes.

Dans cette salle d'honneur à plan uniforme on s'est efforcé de déployer tout le luxe décoratif possible, entre marbres, faïences et stucs. A la suite de cette salle d'apparat, une grande pièce d'eau a été creusée au centre d'un jardin protégé par de hauts murs, palliant ainsi l'absence du bassin au milieu du patio

Avec ses barques et son kiosque à coupole de cuivre, qui donne son nom au palais (Kobbet Ennhas), c'était là une des distractions réservées aux femmes du harem. Le verger extérieur planté surtout d'orangers, de citronniers et figuiers faisait l'objet d'un intérêt particulier en étant doté de puits d'irrigation approprié.

Le rez-de-chaussée de ce palais comprend de nombreux magasins "Makhzen" dallés ou non de calcaire, aux murs très épais soutenant des voûtes en briques et aussi une cuisine et un hammam.

Bibliographie

Plusieurs éditeurs ont traité dans leurs ouvrages du Palais Kobbet Ennhas. Parmi eux: